Le canyon du Ghoufi est un site touristique situé dans les Aurès en Algérie.

Germaine Tillion (1907-2008)

À l'occasion du jour anniversaire de sa naissance, le 30 mai, zoom sur Germaine Tillion.

 

Germaine Tillion est l’un des deux enseignants de l’EPHE entrés au Panthéon. Fille d'un magistrat de la Haute-Loire, elle est élevée dans un milieu bourgeois, républicain et catholique. En 1925, elle intègre l’école du Louvre. Si elle y étudie plusieurs disciplines, c’est pour l’ethnologie qu’elle se passionne. En 1928, elle intègre l’EPHE, où elle suit les enseignements des ethnologues et sociologues Jean Marx (1884-1972), Paul Fauconnet (1974-1938) et Marcel Mauss (1872-1950).

 

Entre 1934 et 1936, grâce à l'Interna Society, elle effectue sa première mission de terrain en Algérie, dans la région des Aurès sous la direction de Thérèse Rivière (1901-1970), directrice du département « Afrique blanche et Levant », au musée d’Ethnographie du Trocadéro. Elle y retourne une seconde fois pour le compte du CNRS en 1938. Ces expéditions représentent pour elle une occasion d’étudier la vie d’une tribu semi-nomade : les Chaouïa. Elle étudie ainsi plus particulièrement les Ah-Abderrahmane de Kebach, dans le douar de Tadjemout qu’elle accompagne notamment dans leurs pèlerinages jusqu’au Djebel Bous. Elle assiste également à certaines cérémonies de la vie quotidienne telles que le mariage ou la circoncision, ce qui l’introduit aux études de genre ainsi qu’à leur histoire économique.

 

À partir de 1940, elle s’engage dans une thèse intitulée « Étude totale d’une tribu berbère » sous la direction de Marcel Mauss, professeur à l’EPHE, directeur d'études à la chaire des Religions des peuples non civilisés, également l'un des principaux ethnologues français de la première moitié du XXe siècle. Toutefois, active dans la Résistance grâce au réseau du musée de l’Homme, elle est faite prisonnière le 13 août 1942 à la prison de la Santé de Paris, puis déportée à Ravensbrück en octobre 1943. Lors de son arrestation, ses travaux de thèse lui sont aussi confisqués. Durant sa captivité, elle collecte de nombreuses informations et documents concernant le fonctionnement des camps qui lui permettent, à l'issue de la guerre entre 1945 et 1950, de publier un rapport ethnographique intitulé « À la recherche de la vérité », et de rejoindre diverses commissions dédiées au Droits de l’Homme.

 

Germaine Tillion retourne en Algérie dans les années 1950 afin de mener diverses recherches ethnologiques, malgré une situation politique de plus en plus tendue. Son expérience dans les camps et en Algérie lui permettent de siéger auprès de conseils tels que, en 1950, la Commission internationale contre le régime concentrationnaire fondée par David Rousset (1912-1997), ancien résistant déporté et politicien. Elle est élue en 1958, directrice d’études à la VIe section de l'EPHE sur une chaire de Sociologie algérienne, puis à l'EHESS à partir de 1975.

 

Cette notice n’a pas pour vocation d’être exhaustive, mais de partager quelques informations historiques sur des figures importantes de l’histoire de l'École Pratique des hautes études (EPHE - PSL).

 

Sélection d’ouvrages

  • TILLION Germaine, « À la recherche de la vérité », dans « Ravensbrück », Les Cahiers du Rhône, N° 65, Neuchâtel, La Baconnière, décembre 1946, p. 11-88.
  • Id., L’Algérie en 1957, Paris, Éditions de Minuit, 1957.
  • Id., Les Ennemis complémentaires, Paris, Éditions de Minuit, 1958.
  • Id., Le Harem et les cousins, Paris, Le Seuil, 1966.
  • Id., Ravensbrück, Paris, Le Seuil, 1973.
  • Id., Il était une fois l’ethnographie, Paris, Le Seuil, 2000.

 

Bibliographie

  • BOST Hubert, « Germaine Tillion », Dictionnaire Prosopographique de l’EPHE, 08/10/2020, en ligne. Consulté le 22/12/2023. [https://prosopo.ephe.psl.eu/germaine-tillion]
  • BROMBERGER Christian, TODOROV Tzvetan, Germaine Tillion. Une ethnologue dans le siècle, Actes Sud, 2002.
  • Id., « Germaine Tillion (1907-2008) », L’Homme, 01/02/2011, en ligne. Consulté le 22/12/2923. [http://journals.openedition.org/lhomme/21975]
  • COQUET Michèle, L'Aurès de Thérèse Rivière et Germaine Tillion – Être ethnologue dans l'Algérie des années 30, Le Bord de l'Eau, 2019.
  • HENRIET Patrick, L'École pratique des Hautes Études : Invention, érudition, innovation de 1868 à nos jours, Somogy éditions d’art, Paris, 2017.
  • LACOUTURE Jean, Le témoignage est un combat Une biographie de Germaine Tillion, Le Seuil, 2000.
  • MEAUX Lorraine de, Germaine Tillion. Une certaine idée de la Résistance, Perrin, 2024.
  • REYNAL Cécile, « Hommage à Germaine Tillion », Revue d'histoire de la pharmacie, 96e année, N. 361, 2009. pp. 70-71.
  • TODOROV Tzvetan, (dir.), Le siècle de Germaine Tillion, Paris, Le Seuil, 2007.
  • WOOD Nancy, Germaine Tillion, une femme-mémoire : d’une Algérie à l’autre, Autrement, 2003.

 

Notice rédigée par Mary Poquet (EPHE - PSL).