Avis de soutenance - doctorat - Anne GENOT

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Ecole doctorale 472
EPHE - Site Raspail - 54 boulevard Raspail, 75006 Paris - salle 9
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Soutenue par Anne GENOT

De Marcelle Gallois à Mère Geneviève : concilier et affirmer deux vocations au XXe siècle.

La personnalité atypique de Mère Geneviève, unissant humour, art et religion, intrigue. Née Marcelle Gallois en 1888, elle effectue une carrière éclair dans le dessin satirique, reçoit le nom de Geneviève en 1917 à son entrée au monastère de Saint-Louis du Temple à Paris et réussit le tour de force de concilier deux vocations avant de s'éteindre en 1962. Un premier ensemble d'études sur cette artiste est paru parallèlement aux expositions qui se sont déroulées en 2004 au musée des Beaux-Arts de Rouen, en 2008 au musée de Port-Royal des Champs et à la suite d'un colloque en 2012. Cette thèse s'appuie sur l'inventaire complet du corpus des œuvres débuté en 2014, sur une correspondance qui s'est étoffée grâce à l'apport de nouveaux fonds et sur des documents inédits. De plus, un important effort de contextualisation a permis de resituer l'œuvre dans l'histoire de l'art, en mettant en relief les liens avec les différents mouvements profanes et religieux de son époque, et dans celle de la réforme de la liturgie. Il a valorisé aussi l'importance d'un réseau d'aide féminin. La construction et l'évolution du style de Geneviève Gallois, qui n'ont jamais été qu'évoqués, est analysée à travers son choix constant de la ligne et de la figuration reliée à l'Incarnation, qui trouve sa plénitude dans ses images mariales ou ses représentations du Christ. L'expression de la souffrance est une thématique qui reste essentielle dans son œuvre. Elle est complétée par celle de la miséricorde dans un ensemble touffu de Fils prodigues, de syndicats des pardonnés, de tentations de la moniale, etc. L'aventure de la construction de l'abbaye à Limon dans les années 1950, ouvre un chemin vers un renouveau : sortie de guerre, nouvelle vie. La religieuse artiste déploie alors une énergie, une joie qui va jaillir en couleur et mouvement dans les vitraux mais aussi dans le regard malicieux de certains dessins. Elle éclate dans deux vitraux, “Ludens coram deo” qui est l'incarnation des idées de R. Guardini sur la liturgie, et “In paradisum”, une figuration extraordinaire, très libre, de l'arrivée de la moniale au Paradis. La religieuse obscure, triste qui peinait à trouver sa place, est devenue une artiste reconnue par sa communauté. Elle entre dans une phase de pacification malgré l'épreuve de la maladie, élaborant des formes archétypales, une palette iconographique des attitudes de la prière, s'interrogeant sur la médiocrité et la sainteté au travers de ses dessins, sur le combat spirituel, par le biais du Cantique des cantiques. Son style fortement inspiré, entre autres, par ses débuts dans la caricature mais aussi l'art médiéval, évolue alors vers une grande liberté, une épure, tout en restant expressionniste. Il est, à l'apogée de son art, expression de l'inexprimable. Cette recherche se situe dans le cadre de la redécouverte de l'art religieux du XXe siècle où Mère Geneviève a sa place.

From Marcelle Gallois to Mother Geneviève: reconciling and affirming two vocations in the middle of the 20th century.

The atypical personality of Mother Geneviève is intriguing, bringing together humor, art and religion. Born Marcelle Gallois in 1888, she had a whirlwind career as a satirical cartoonist, received the name of Geneviève in 1917, upon her entry into the monastery of Saint-Louis du Temple in Paris, and she successfully achieved the feat of reconciling her two vocations before dying in 1962. A first collection of studies on this artist was published in parallel with the exhibitions held in 2004 at the Musée des Beaux-Arts in Rouen, in 2008 at the Musée de Port-Royal des Champs and following a symposium in 2012. The inventory of her corpus, begun in 2014, revealed a prolix work, knowledge of her correspondence has expanded, and new unpublished documents have been discovered. In addition, a significant contextualization effort made it possible to situate the work in the history of art, highlighting the links with the different secular and religious movements of its time, and in that of the reform of the liturgy. It also highlighted the importance of a female support network. The construction and evolution of Genevieve Gallois‘style, which have just only been evoked, is analyzed here through her constant use of line and figuration linked to the Incarnation, which culminates in her Marian images and her representations of Christ. The expression of suffering is an essential theme in her work. It is complemented by that of mercy in a complex group of depictions of the Prodigal Son, the Union of the Forgiven Ones, the Temptations of the Nun, etc. The adventure of building the abbey in Limon in the 1950s marked a path towards renewal: ending of war, building of new life. The religious artist then exhibited renewed energy and joy, which burst forth in color and movement in her stained-glass windows but also in the mischievous look of some of her drawings. This is specifically eloquent in two stained glass windows, “Ludens coram deo” which embodies R. Guardini's ideas on the liturgy, and “In paradisum”, a unique, freely expressed representation of the nun's arrival in Paradise. The once obscure sad nun, who struggled to find her place, became a recognized artist in her community. Despite the ordeal of illness, she entered a phase of pacification, developing archetypal forms, an iconographic palette of prayer attitudes, questioning mediocrity and holiness through her drawings, about the spiritual combat, exploiting the Song of Songs. Her style, strongly inspired, among other things, by his beginnings in caricature but also by medieval art, later evolved towards greater freedom and purity while retaining its expressionist nature. It is, at the height of her art, an expression of the inexpressible. This research contributes to the rediscovery of 20th century religious art, where Mother Geneviève holds a significant place.
Directeur de thèse :
Isabelle SAINT-MARTIN
Unité de recherche :
Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe
Membres du jury :
  • Directeur de thèse : Isabelle SAINT-MARTIN
  • Rapporteur : Claire BARBILLON , Professeur (université Poitiers) et directrice de l'École du Louvre (Ecole du Louvre)
  • Rapporteur : Jean-François LUNEAU , Conservateur du Patrimoine (Centre André Chastel)
  • Examinateur : Jérôme ALEXANDRE , Professeur (Faculté Notre-Dame)
  • Président : Jean-Michel LENIAUD , Directeur d'études émérite (EPHE-PSL)
  • Examinateur : Patrick PRETOT , Professeur (Institut catholique de Paris)
Diplôme :
Doctorat Religions et systèmes de pensée
Spécialité de soutenance :
Histoire de l'art