Avis de soutenance - doctorat - Dlshad FARIQ | École Pratique des Hautes Études

Soutenue par Dlshad FARIQ

Le soufisme confrérique en Kurdistan : Rôles spirituel, social et politique de la Qadiriyya et de la Naqshbandiyya-Khālidiyya du XVIIème siècle à la chute de l'Empire Ottoman.

Dans cette recherche, le développement des confréries soufies au Kurdistan, particulièrement la Qadiriyya et la Naqshbandiyya-Khālidiyya, est exploré· Depuis le XVIIe siècle jusqu'à la chute de l'Empire ottoman, ces confréries ont été des acteurs spirituels, sociaux et politiques essentiels dans la structuration du Kurdistan· Les shaykhs, chefs spirituels de ces groupes, ont également joué des rôles déterminants dans les transformations sociales et politiques de la région· Le soufisme au Kurdistan remonte au Ve/XIe siècle, mais c'est sous l'Empire ottoman que les confréries soufies, d'abord la Qadiriyya et ensuite la Naqshbandiyya au XIXe siècle, ont acquis une grande influence· Après la bataille de Tchaldiran (1514) et le traité de Qasr-i Shīrīn (1639), les Kurdes sunnites ont renforcé leurs liens avec l'Empire ottoman, permettant aux confréries soufies de devenir des puissances sociales et spirituelles majeures dans la région· Cette étude se concentre aussi sur l'institutionnalisation du soufisme dans la société kurde· Les confréries ne se limitaient pas aux pratiques religieuses, elles sont devenues des institutions sociales influentes· Les shaykhs ont établi une hiérarchie sociale, avec des disciples et des successeurs, qui ont contribué à la structuration de la société kurde· La méthodologie adoptée combine une analyse historique des événements avec une étude des interactions entre les confréries et leur environnement· En utilisant des méthodes sociologiques et anthropologiques, la recherche éclaire l'impact de ces confréries sur les relations sociales et politiques au Kurdistan· Cette analyse met en lumière leur influence sur les structures sociales et les relations avec les autorités locales· Les sources utilisées dans cette recherche sont variées, incluant des manuscrits anciens, des documents administratifs et des archives en plusieurs langues (kurde, persan, arabe, turc, ourdou, français et anglais), ainsi que des études contemporaines· Ces matériaux permettent de comparer diverses perspectives sur le soufisme et son influence au Kurdistan, offrant ainsi une vision complète du sujet· Enfin, l'étude souligne l'importance des confréries soufies dans la formation du nationalisme kurde· Des figures comme Shaykh ʿUbaydullāh Nahrī ont dirigé des mouvements nationalistes au XIXe siècle, impliquant les confréries dans les luttes politiques et nationales· Leur rôle clé dans le développement des identités kurdes démontre leur importance au-delà du domaine religieux·

Brotherhood Sufism in Kurdistan: Spiritual, social and political roles of the Qadiriyya and the Naqshbandiyya-Khālidiyya from the 17th century to the fall of the Ottoman Empire.

In this research, the development of Sufi brotherhoods in Kurdistan, particularly the Qadiriyya and the Naqshbandiyya-Khālidiyya, is explored· From the 17th century until the fall of the Ottoman Empire, these brotherhoods played a crucial role as spiritual, social, and political forces in shaping the spiritual and political landscape of Kurdistan· The shaykhs, the spiritual leaders of these groups, also played pivotal roles in the social and political transformations of the region· Sufism in Kurdistan dates back to the 5th/11th century, but it was under the Ottoman Empire that the Sufi brotherhoods, first the Qadiriyya and then the Naqshbandiyya in the 19th century, became major social and spiritual powers· Following the Battle of Chaldiran (1514) and the Treaty of Qasr-i Shīrīn (1639), Sunni Kurds strengthened their ties with the Ottoman Empire, enabling the Sufi brotherhoods to solidify their position as influential social and spiritual forces in the region· This study also focuses on the institutionalization of Sufism within Kurdish society· The brotherhoods did not limit themselves to religious practices; they became influential social institutions· The shaykhs established a social hierarchy, with disciples and successors playing varied roles in Kurdish society, contributing to the social structuring of the region· The methodology adopted combines a historical analysis of events with an examination of the interactions between the brotherhoods and their environment· By employing sociological and anthropological methods, the research sheds light on the impact of these brotherhoods on the social and political relationships in Kurdistan· This analysis highlights their influence on social structures and their connections with local authorities· The sources used in this research are varied, including ancient manuscripts, administrative documents, and archives in multiple languages (Kurdish, Persian, Arabic, Turkish, Urdu, French, and English·), along with contemporary studies· These materials allow for a comparison of different perspectives on Sufism and its influence in Kurdistan, providing a comprehensive view of the subject· Lastly, the study emphasizes the significant role of Sufi brotherhoods in the formation of Kurdish nationalism· Figures such as Shaykh ʿUbaydullāh Nahrī led nationalist movements in the 19th century, involving the brotherhoods in political and national struggles· Their key role in the development of Kurdish identities demonstrates their importance beyond the religious sphere·

Directeur de thèse :

Eva FEUILLEBOIS

Unité de recherche :

Laboratoire d'études sur les monothéismes

Membres du jury :

Directeur de thèse : Eva FEUILLEBOIS , Maître de conférences (EPHE PARIS)
Rapporteur : Martin VAN BRUINESSEN , Professeur émérite (Utrecht University, The Netherlands)
Président : Halkawt HAKEM , Professeur émérite (INALCO)
Examinateur : Alexandre PAPAS , Directeur de recherche (CNRS)
Examinateur : Denis HERMANN , CRCN (CNRS, CeRMI)

Diplôme :

Doctorat Religions et systèmes de pensée

Spécialité de soutenance :

Etudes arabes et civilisation du monde musulman