Avis de soutenance - doctorat - François-Rémy ROQUETON

Les vitraux des églises de Gironde regorgent de plus de 850 armoiries. Leur quasi totalité a été réalisée dans la seconde moitié du XIXe siècle, pendant une période d'intenses réfections ecclésiales suite au Concordat. Si la majorité de ces armoiries désigne des donateurs laïques, il faut y voir le produit d'une impérieuse recherche de financeurs. En effet, le vitrail est un médium onéreux qui connaissait alors une renaissance. L'émulation entre les laïcs est d'autant plus cruciale que la période est troublée par les crises politiques, identitaires et spirituelles. Ces dons de vitraux sont le reflet de prétentions ou de dévotions diverses. Par ses dons, l'aristocratie royaliste milite particulièrement pour l'Église, elle éprouve son rang et sa piété ; certaines élites, plus récentes, affirment aussi par ce biais leurs titres et leurs noms. Aussi, on retrouve en nombre les armes des prélats dans les vitraux qu'ils offrent, afin d'encourager la réédification du diocèse et contribuer au triomphe de l'Église. 

Collecter et identifier ces armoiries révèle les constantes et les subtilités d'un véritable système ornemental articulé, homogène, voire stéréotypé du fait de la nature industrielle du vitrail. À cela s'ajoute quantités d'écussons divers qui désignent les villes, les paroisses, les saints et d'autres entités historiques. Au delà de l'écu armorié, l'écu sans armoirie se fait le réceptacle du texte et de l'image, sa généralisation dans les décors en fait un ornement générique au service de la mention du donateur, du programme iconographique et de la vogue néomédiévale. Cette véritable industrie du souvenir, par son caractère standardisé, rappelle l'injonction des souscriptions et l'enjeu d'abaisser les coûts.

 Ces écus, par centaines, reflètent une histoire locale d'autant plus urgente et poignante du fait de la fragilité du vitrail et de la dépréciation du patrimoine religieux du XIXe siècle.