Avis de soutenance - doctorat - Justine GAIN
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Justine GAIN
La fabrique de l'éclectisme ornemental au XIXe siècle, l'œuvre de Jean-Baptiste Plantar (1790-1879)
Dernier sculpteur des Bâtiments du roi, Jean-Baptiste Plantar (1790-1879) est un ornemaniste particulièrement prolifique de la première moitié du XIXe siècle. Issu d'une famille de sculpteurs de l'Académie de Saint-Luc, il effectue un bref passage à l'École des beaux-arts avant de s'orienter vers la sculpture d'ornements.
Au début des années 1820, il s'établit à son compte à la tête d'un nombre considérable de praticiens, qu'il forme pour partie. Cet atelier, installé passage Sainte-Marie, est principalement dédié à la sculpture d'ornements monumentale. Dès lors, Plantar œuvre sur les chantiers les plus prestigieux de son époque (Louvre, Palais-Royal, Fontainebleau, Versailles, Compiègne ou Vincennes) et capte progressivement une part conséquente d'un marché lucratif. Cet avantage se matérialise autour de 1829 lorsqu'il obtient le titre de sculpteur des Bâtiments du roi, lui garantissant ainsi l'accès régulier à des chantiers d'envergure.
Cette concentration des commandes concourt à la cohérence de l'architecture du premier XIXe siècle, qui se trouve être le terrain de l'éclosion de l'éclectisme. Si la référence à l'Antique domine encore les espaces de représentation du palais, le goût pour le passé s'immisce dans les intérieurs à la faveur des ornements sculptés par Plantar, mais aussi par une cohorte d'artistes (bronzier, stucateurs, ébénistes) qui œuvrent aussi sous la direction de l'architecte en charge du chantier. Cette pratique trouve une source d'inspiration spécifique chez Plantar, notamment à travers son implication dans la restauration de monuments anciens. À la chapelle du château d'Amboise, à la cathédrale de Reims ou à Notre-Dame de Paris, il intervient pour restaurer le décor extérieur, parfois en ayant recours à des techniques innovantes, ou en le réinventant entièrement.
De l'architecture, un autre glissement s'effectue, cette fois-ci vers les arts décoratifs et l'industrie. Dès ses débuts, Plantar contribue en sous-main aux ouvrages de nombreux orfèvres, notamment ceux de Fauconnier, dont l'atelier constitue l'un des laboratoires de l'éclectisme. Ce dernier collabore avec plusieurs professionnels (Barye, Liénard, Chenavard), tous acteurs de ce nouvel « âge d'or des arts décoratifs ». Parallèlement, l'ornement se démocratise par le moyen de l'industrie alors que les premiers fondeurs (Ducel, le Val d'Osne ou Calla) s'établissent et convoitent une clientèle bourgeoise. L'implication de Plantar, artiste de la Couronne, dans le développement de cette production est l'un des jalons essentiels pour comprendre cet éclectisme, cette cohérence ornementale entre architecture et arts appliqués. Néanmoins, en dépit de ce rôle névralgique, il demeure dans l'ombre de l'architecte comme de l'orfèvre, tributaire de l'anonymat dans lequel les sculpteurs-ornemanistes sont plongés durant la première moitié du siècle.
Artiste des beaux-arts, Plantar ne l'est donc qu'à demi dans l'esprit de ses contemporains. C'est en revanche un serviteur bien identifié du pouvoir, dont plusieurs centaines de documents comptables témoignent, et sont principalement conservés aux Archives nationales et aux Archives de Paris. L'autre pilier sur lequel s'appuie nos recherches est la masse de dessins produits par l'atelier. Ce sont près d'un millier de feuilles réparties entre l'Institut national d'histoire de l'art à Paris, le Getty Research Institute à Los Angeles, le musée Carnavalet, le château de Versailles, celui de Fontainebleau ou encore le Fine Arts Museum de San Francisco.
Il s'agit ainsi de dégager le rôle essentiel joué par Plantar, sculpteur-ornemaniste, dans la fabrique de l'éclectisme du XIXe siècle. Très partiellement traité en tant que tel en architecture, souvent exclusivement rapporté aux domaines des arts décoratifs, la question de l'ornement – et par là, des sculpteurs-ornemanistes – constitue si ce n'est la pierre angulaire, tout du moins le dénominateur commun entre le bâti et tous les autres arts qui s'y rattachent.
The fabric of the ornamental eclecticism during the 19th Century, the œuvre of Jean-Baptiste Plantar (1790-1879)
Last sculptor of the King's Buildings, Jean-Baptiste Plantar (1790-1879) was a particularly prolific ornamentalist of the first half of the 19th Century. Coming from a family of sculptors from the Academy of Saint-Luc, he briefly attended the École des beaux-arts in Paris before turning to ornamental sculpture.
In the early 1820s, he established himself with a considerable number of practitioners, some of whom he trained. This workshop, located at Passage Sainte-Marie, was mainly dedicated to monumental ornamental sculpture. From then on, Plantar worked on the most prestigious construction sites of his time (Louvre, Palais-Royal, Fontainebleau, Versailles, Compiègne, or Vincennes) and gradually captured a significant share of a lucrative market. This advantage materialized around 1829 when he obtained the title of sculptor of the King's Buildings, thus guaranteeing him regular access to large-scale construction sites.
This concentration of commissions contributes to the coherence of 19th-century architecture, which witnessed the emergence of eclecticism. While references to antiquity still dominated the palace's representation spaces, a taste for the past seeped into interiors through the ornamental sculptures by Plantar, as well as a cohort of artists (bronze workers, stucco workers, cabinetmakers) who also worked under the direction of the architect in charge of the site. This practice found a specific source of inspiration in Plantar, notably through his involvement in the restoration of ancient monuments. At the chapel of the Château d'Amboise, the cathedral of Reims, or Notre-Dame de Paris, he intervened to restore the exterior decoration, sometimes resorting to innovative techniques, or reinventing it entirely.
From architecture, another shift occurred, this time towards decorative arts and industry. From the outset, Plantar contributed surreptitiously to the works of numerous goldsmiths, notably Fauconnier, whose workshop was one of the laboratories of eclecticism. The latter collaborated with several professionals (Barye, Liénard, Chenavard), all actors in this new "golden age of decorative arts." Meanwhile, ornamentation democratized through industry, and the first foundries (Ducel, Le Val d'Osne, or Calla) established themselves and targeted a Parisian and bourgeois clientele. Plantar's involvement, as an artist of the Crown, in the development of this production, is one of the essential milestones for understanding this eclecticism, this ornamental coherence between architecture and applied arts. Nevertheless, despite this crucial role, he remained in the shadow of the architect as well as the goldsmith, subject to the anonymity in which sculptors-ornamentalists were immersed during the first half of the century. As an artist of the fine arts, Plantar was only halfway perceived in the minds of his contemporaries. However, he was a well-identified servant of power, as evidenced by several hundred accounting documents, primarily preserved in the National Archives and the Archives of Paris. The other pillar on which our research relies is the mass of drawings produced by the workshop. These are nearly a thousand sheets distributed between the National Institute of Art History in Paris, the Getty Research Institute in Los Angeles, the Carnavalet Museum, the Palace of Versailles, the Palace of Fontainebleau, or even the Fine Arts Museum of San Francisco. The essential role played by Plantar, sculptor-ornamentalist, in the fabric of the eclecticism of the 19th century must be clarified. Very partially treated as such in architecture, often exclusively related to the fields of decorative arts, the question of ornamentation - and thus of sculptors-ornamentalists - constitutes, if not the cornerstone, at least the common denominator between construction and all the other arts related to it.
Directeur de thèse :
Jean-Michel LENIAUD
Unité de recherche :
Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Jean-Michel LENIAUD , Directeur d'études émérite (École pratique des hautes études)
- Président : Claire BARBILLON , Professeur des universités (Université de Poitiers ; École du Louvre)
- Examinateur : Rémi LABRUSSE , Directeur d'études (École des hautes études en sciences sociales)
- Rapporteur : Thierry LAUGéE , Professeur des universités (Nantes Université)
- Examinateur : Rossella FROISSART
- Rapporteur : Philippe DUFIEUX , Professeur (École nationale supérieure d'architecture de Lyon EVS-LAURe (UMR 5600))
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Histoire de l'art