Avis de soutenance - doctorat - Kahina BAHLOUL

La dimension juridique des enseignements d'Ibn ‘Arabī (1165–1240) constitue une part importante et extrêmement riche de son œuvre. Sa contribution à la pensée juridique, réside dans un savant mélange entre la métaphysique, l'épistémologie gnostique de la doctrine soufie et une herméneutique juridique qu'il élabore à partir de ses multiples héritages, ainsi qu'une conception universelle et spirituelle de la šarīʿa. La doctrine juridique d'Ibn ʿArabī s'inscrit dans la continuité de l'herméneutique des soufis de l'Est et des mystiques de l'Ouest. Les uns ayant développé une méthode d'exégèse par allusion (al-ʾišāra), les autres, une méthode d'interprétation par transposition symbolique (al-iʿtibār) fondée sur le principe de la correspondance entre l'être humain, le Livre, l'univers entier et Dieu. Une conception personnaliste de la loi caractérisée par une position anti-maḏhabisme, qui récuse toute affiliation à une école juridique. Les compétences savantes d'Ibn ʿArabī sont bien au-delà des critères juridiques habituels pour le contenir dans le qualificatif de grande autorité juridique (Muǧtahid kabīr muṭlaq). Sa doctrine juridique reste très originale en ce qu'elle s'enracine dans une doctrine métaphysique globale et bien plus large que le périmètre de la pensée juridique. Il donne un sens à l'existence humaine, dont l'objectif ultime est d'aspirer à mettre en œuvre son accomplissement spirituel et à réaliser le statut de ẖalīfa (successeur) de Dieu sur terre. Dans cette perspective, la loi est une voie qui structure la vie spirituelle du croyant.