Avis de soutenance - doctorat - Michael MARX
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Ecole doctorale 472
l'Institut des Civilisations, 52 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris.
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Michael MARX
Le problème d'une édition critique du Coran : Etude de la relation entre la transmission écrite et la transmission orale
Dans le présent travail, nous avons étudié l'histoire du texte du Coran sous deux aspects, d'une part à travers les plus anciens codex écrits sur parchemin (7ème siècle), de l'autre à partir des sources de la Tradition savante (8ème/9ème siècle). Compte tenu de l'étude des plus anciennes variantes de lecture et des premiers manuscrits, la synopse développée pour la 20ème sourate ne peut être comptée comme une édition critique qu'avec d'importantes réserves. Nous abordons les notions de transmission écrite et de « tradition orale », mais nous concluons qu'elles ne peuvent être appliquées telles quelles à l'histoire du Coran. Nous suggérons que la nature du texte est plutôt à comprendre comme un « texte non fixé » à l'intérieur du cadre du texte commun, c'est-à-dire du texte officiel attribué à la « la rédaction de ʿUṯmān ».
Notre travail examine le processus de transmission textuelle du Coran dans ses phases écrite et « orale », à partir de l'exemple de la 20ème sourate. Les manuscrits sur parchemin, datables au 7ème siècle sur la base de données scientifiques des mesures au carbone, représentent la première source écrite. Nous représentons ces textes manuscrits à l'aide d'un système de couleurs spécialement développé à cet effet, que nous appliquons également au texte de la 20ème sourate du palimpseste de Sanaa (DAM 01-27.1). En plus des données manuscrites en styles d'écriture kūfī et ḥiǧāzī, nous avons intégré « les variantes des codex des Compagnons du Prophète » compilées par Arthur Jeffery (1937).
Nous avons traité la tradition « orale », ou plutôt « savante », à partir de six sources (Muǧāhid b. Ǧabr, Muqātil, al-Aḫfaš al-Ausaṭ, al-Ḫalīl b. Aḥmad, Yaḥyā b. Sallām et aṭ-Ṭabarī). Les variantes incluses dans les ouvrages étudiés sont présentées et référencées différemment de ce que nous connaissons pour « l'âge canonique » (à partir d'Ibn Muǧāhid, m. 936). La grammaire, l'exégèse et les variantes régionales semblent fonder les variantes sur des considérations grammaticales ou exégétiques, plutôt que sur la référence à une autorité, telle qu'elle a été fixée dans le canon des sept lectures. Les variantes de lectures contenues peuvent être comprises comme des interprétations d'un texte écrit. Il n'est pas exclu qu'il y ait eu – au 7ème siècle – une tradition orale, mais comme la référence au support écrit du codex est incontournable, nous devons partir du principe que la transmission écrite dominait pendant le 7ème siècle.
Notre thèse s'attache également à réfuter l'idée d'une transmission purement écrite (la copie fidèle que les scribes et les savants réalisent). Le postulat de la transmission écrite a été utilisé dans la recherche récente pour établir un stemma codicum. Or nous souhaitons montrer que la transmission suivant le modèle de Karl Lachmann (1793-1851) n'est pas convaincante. En effet la distribution des graphies identifiées par les exégètes, sur lesquelles le stemma est construit, n'est pas identifiable dans les manuscrits du 7ème siècle. Le statut du texte écrit chez les théologiens avant Ibn Muǧāhid (m. 936) n'est pas compatible, comme l'a déjà montré Edmund Beck (1902-1991), avec les exigences d'un ordre généalogique, dans la mesure où l'exégèse intervenait et se manifestait dans le texte écrit. Les différences de graphies, incluses dans les premiers textes manuscrits de la 20ème sourate, présentent le même type de variantes que celles utilisées pour le stemma.
Par le biais du texte de la 20ème sourate (7ème siècle) et à l'aide de graphies choisies, nous voulons montrer que la transmission du texte ne peut être présentée ni comme une « tradition orale », ni comme une transmission écrite. Les différentes formes d'écriture semblent contenir des précisions grammaticales, orthographiques et exégétiques pour lesquelles les scribes (ou leurs commanditaires) ou les savants ont opté. Même si nous ne connaissons pas leurs noms, leur contribution à la forme ancienne du texte dans les manuscrits a été déterminante.
The problem of a critical edition of the text of the Qur'an: Studies about the relationship between the written and the oral transmission
In the present work, we have studied the history of the Qurʾān text from two angles. On the one hand, we have studied the earliest codex fragments written on parchment (7th century), and on the other, the sources of scholarly Tradition (8th and 9th centuries). Given the study of the earliest variant readings and early manuscripts, the synopsis developed for the 20th Surah can be seen only as a “critical edition of the Qurʾān” with significant reservations. The present work studies written transmission and “oral tradition”, but considers that neither qualifies as a valid way of transmission. We present arguments that the nature of text transmission would rather be classified under a third type of textual nature, as an “unfixed text”, within the framework of the official text attributed to the “redaction of caliph ʿUṯmān”.
The present work examines the textual transmission of the Qurʾān in its written and “oral” transmission, using the 20th Surah as an example. Parchment manuscripts, datable to the 7th century following results of carbon dating, represent the earliest written source. We present these handwritten texts in a specially developed colour system, which we also apply to the text of the 20th Surah of the Sanaa palimpsest (DAM 01-27.1). In addition to manuscripts (in kūfī and ḥiǧāzī writing styles), we have integrated “codex variants from the Companions of the Prophet” (according to Arthur Jeffery's 1937 compendium).
We have studied the “oral”, or rather scholarly Tradition from six sources (Muǧāhid b. Ǧabr, Muqātil, al-Aḫfaš al-Ausaṭ, al-Ḫalīl b. Aḥmad, Yaḥyā b. Sallām, and aṭ-Ṭabarī) before Ibn Muǧāhid (d. 936). We have included variant readings referenced differently from the way of the “canonical age”. Grammar, exegesis and, regional variants seem to ground the variants, rather than reference to authorities as fixed in the canon of the seven readings (e.g., the recension of Ḥafṣ (d. 796). This fixed canon constitutes the text of the King Fuʾād Edition, Cairo/Giza 1924). A large part of observed variant readings seem to refer to different interpretations of the same written text. It cannot be ruled out, however, that there has been – during the 7th century – a genuine oral tradition, but since the written medium of the codex seems to have prevailed, we tend to assume that written transmission was ultimately decisive.
Against the purely written transmission (the faithful copy made by scribes and scholars), which is used in recent research to establish a stemma codicum, we would like to show that transmission in the sense of the Karl Lachmann (1793-1851) remains unconvincing for the Qurʾān. The distribution of spellings identified by exegetes, upon which the stemma has been based, is not attested to in 7th-century manuscripts. The status of the text among theologians before Ibn Muǧāhid, is not compatible with the requirements of genealogical order, as Edmund Beck (1902-1991) has already shown. The different spellings included in early manuscripts of the 20th Surah (a chapter which, according to scholarly tradition, contains no stemma indicative words) present the same type of variants.
By means of the manuscript text of the 20th Surah (7th century) and with the help of selected spellings, we show that the transmission of the text is neither oral nor written in the strict sense. The various forms of writing seem to contain grammatical, orthographic and exegetical details for which the scribes (or the scribal sponsors) or scholars opted. Even if we ignore their names, their contributions to the early manuscript text have been decisive.
Directeur de thèse :
François DEROCHE
Unité de recherche :
Proche-Orient, Caucase : Langues, Archéologie, Cultures
Membres du jury :
- Directeur de thèse : François DEROCHE , Professeur (Collège de France)
- Président : Nuria DE CASTILLA
- Examinateur : Petra SIJPESTEIJN , Professeur des universités (Leiden University)
- Rapporteur : Mathieu TILLIER , Professeur des universités (Sorbonne Université)
- Examinateur : Andreas KAPLONY , Professeur des universités (LMU Universität München)
- Examinateur : Petra SIJPESTEIJN , Professeur des universités (Leiden University)
Diplôme :
Doctorat Religions et systèmes de pensée
Spécialité de soutenance :
Etudes arabes et islamiques