Avis de soutenance - doctorat - Pauline D'ABRIGEON
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Pauline D'ABRIGEON
Les céramiques chinoises en France 1844-1900 : commercialisation, enquêtes, expertise
La seconde moitié du XIXe siècle voit naître en France un regain d'intérêt pour la porcelaine chinoise qui, en plus d'être collectionnée, devient un objet d'étude à part entière. La période est ponctuée de publications tantôt techniques tantôt historiques qui contribuent à extraire ces œuvres du champ de la chinoiserie. Avec l'ouverture forcée de la Chine par les puissances occidentales suite aux guerres de l'Opium, un grand nombre d'objets se diffusent sur le marché européen, allant du bibelot aux chefs-d'œuvre provenant des collections impériales du Yuanming yuan (Palais d'été). Le but de ce travail est d'envisager ce phénomène de manière holistique, en interrogeant conjointement les questions d'approvisionnement, de construction de nouveaux discours sur les œuvres et d'histoire des collections.
La première partie, dédiée à la commercialisation des porcelaines chinoises au XIXe siècle, s'intéresse à la Mission de Chine (1844-1846) et retrace l'histoire de ventes de porcelaines au Havre orchestrées par des armateurs allant s'approvisionner directement en Chine. Ils ouvrent la voient à la pratique de l'importation directe qui s'incarnera une décennie plus tard par la figure du marchand Guillaume Eugène Louyrette (1826-1901). D'autres acteurs de la circulation des porcelaines chinoises, les militaires, les consuls et représentants diplomatiques, rassemblent des collections en Chine qui viennent enrichir le marché de l'art parisien au moment de leur vente à l'Hôtel Drouot. Enfin la marchandisation à grande échelle des porcelaines chinoises à cette période se perçoit également à travers les activités des boutiques de thé et de chocolat dont les vitrines et les pratiques commerciales contredisent la relative absence des porcelaines chinoises dans les archives maritimes.
La seconde partie explore un aspect des nouveaux discours élaborés autour de la porcelaine chinoise à cette époque : l'enquête technique. À travers l'étude exhaustive des archives de la manufacture de Sèvres concernant la Chine, cette partie revient sur les enjeux des missions, notamment celles de Joseph Ly (1803-1854), Jules Itier (1802-1877), Anatole Billequin (1836-1894), et Fernand Scherzer (1849-1886) dont elle tente de réévaluer l'apport.
Parallèlement à ces recherches techniques, s'élaborent autour de la figure du collectionneur les premières tentatives de classification et d'expertise. La troisième partie se focalise sur la figure emblématique d'Albert Jacquemart (1808-1875), inventeur des termes « famille rose » et « famille verte », qui acquiert au cours des années 1860 un statut incontournable d'expert. Elle donne un nouvel éclairage sur la nomenclature complexe qu'il met au point en confrontant systématiquement ses écrits aux œuvres existantes et en restituant l'apport des sciences naturelles dans son travail.
La dernière partie questionne enfin la place des porcelaines impériales sur le marché de l'art parisien et dans les écrits d'amateurs. Dans quelle mesure les œuvres issues des collections impériales ont-elles transformé les perceptions de l'époque ? Comment ont-elles été comprises et valorisées par rapport aux porcelaines d'exportation qui formaient jusqu'alors l'immense majorité des collections rassemblées ?
Chinese Ceramics in France 1844-1900: Commercialisation, Enquiries, Connoisseurship
The second half of the nineteenth century saw a resurgence of interest in Chinese porcelain in France, which not only became a collector's item but also an object of study in its own right. The period was punctuated by both technical and historical publications that helped to extricate these works from the realm of Chinoiserie. With the forced opening of China by Western powers following the Opium Wars, a large number of objects found their way onto the European market, ranging from trinkets to masterpieces from the imperial collections of the Yuanming yuan (Summer Palace). The aim of this work is to take a holistic approach to this phenomenon, examining questions of supply, the construction of new discourses on works of art, and the history of collections.
The first part, devoted to the marketing of Chinese porcelain in the nineteenth century, looks at the Chinese Mission (1844-1846), and traces the history of porcelain sales in Le Havre orchestrated by shipowners who sourced their supplies directly from China. They paved the way for the practice of direct importation, which was to be embodied a decade later by the merchant Guillaume Eugène Louyrette (1826-1901). Other key players in the circulation of Chinese porcelain, including soldiers, consuls, and diplomatic representatives, assembled collections in China that enriched the Paris art market when they were sold at Hôtel Drouot. Finally, the large-scale commodification of Chinese porcelain during this period can also be seen in the activities of tea and chocolate shops, whose shop windows and commercial practices contradict the relative absence of Chinese porcelain in maritime archives.
The second part explores one aspect of the new discourse surrounding Chinese porcelain at this time: technical investigations. Through an exhaustive study of the archives of the Manufacture de Sèvres concerning China, this section revisits the issues raised by the missions, in particular those of Joseph Ly (1803-1854), Jules Itier (1802-1877), Anatole Billequin (1836-1894), and Fernand Scherzer (1849-1886), whose contribution it attempts to reassess.
Alongside this technical research, the first attempts at classification and appraisal were developed around the figure of the collector. The third part of the work focuses on the emblematic figure of Albert Jacquemart (1808-1875), inventor of the terms ‘famille rose' and ‘famille verte', who became a leading expert in the 1860s. It sheds new light on the complex nomenclature he developed by systematically comparing his writings with existing pieces, and restoring the contribution of natural sciences to his work.
The final section looks at the place of imperial porcelain on the Paris art market and in the writings of connoisseurs. To what extent did works from the imperial collections transform the perceptions of the time? How were they understood and valued in relation to the export porcelains that until then had made up the vast majority of the collections assembled?
Directeur de thèse :
Jean-Michel LENIAUD
Unité de recherche :
Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Jean-Michel LENIAUD , Directeur d'études (EPHE PARIS)
- Rapporteur : France NERLICH , Professeur (Université de Tours)
- Président : Vincent LEFEVRE , Professeur (Université Paris Sorbonne)
- Examinateur : Ching-fei SHIH , Professor (National Taiwan University)
- Examinateur : Antoine GOURNAY , Professeur (Université Paris Sorbonne)
Diplôme :
Doctorat Histoire, textes, documents
Spécialité de soutenance :
Histoire de l'art