Avis de soutenance - doctorat - Pierre GILLOUARD

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Ecole doctorale 472
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Soutenue par Pierre GILLOUARD

Simone Weil. La pensée à l'épreuve du mal.

Peut-on penser le sens ou la finalité ultime du mal que les êtres humains appréhendent ? Ou en termes théologiques, est-il possible de démontrer qu'il n'y a pas de contradiction logique entre l'affirmation de l'existence d'un Dieu bon, créateur et tout-puissant et l'existence du mal ? L'enjeu de cette recherche est de démontrer le traitement, inédit dans l'histoire de la philosophie, de la question de la théodicée dans la pensée de Simone Weil, à l'orée et au cœur de la Seconde Guerre mondiale. La philosophe se confronte au problème du mal – celui de son absence de sens ou de finalité – à partir d'une réflexion sociale et politique sur les conditions permettant d'envisager la disparition de l'oppression en société, et dans le creuset de l'épreuve, à la première personne, de cette oppression en usine. En franchissant, ensuite, un seuil mystique, si elle cherche à « penser ensemble dans la vérité le malheur des hommes, la perfection de Dieu, et le lien entre les deux », c'est paradoxalement en actant la fausseté et l'immoralité du projet philosophique d'une justification du mal. La réponse qu'elle propose alors est indissociable d'un travail de transformation de soi pour accéder à la vérité, le sens même de la philosophie. Simone Weil est ainsi la première philosophe à avoir pensé le problème du mal et sa réponse à partir de l'expérience de celles et ceux qui souffrent, et non pas au détriment d'eux, et sans jamais renoncer à la lutte éthique et politique contre la force et l'oppression tout au long de son itinéraire de vie et de pensée.

The problem of evil in the thought of Simone Weil

Is it possible to conceive the purpose or the ultimate meaning of evil that human beings face? Or in theological terms, is it possible to demonstrate that there is no logical contradiction between the af-firmation of the existence of a good, creative, and all-powerful God and the existence of evil? The aim of this research is to demonstrate the treatment, unprecedented in the history of philosophy, of the question of theodicy in Simone Weil's thought on the eve of and at the heart of the Second World War. The philosopher confronts the problem of evil - that of its lack of meaning or purpose - from a social and political perspective on the conditions that make it possible to envision the disappearance of oppression in society, and through the lived experience of this oppression in factory life. Then, crossing a mystical threshold, if she seeks to ‘think together in truth the affliction of men, the perfec-tion of God, and the link between the two', it is paradoxically by acknowledging the falsity and immo-rality of the philosophical project of justifying evil. The answer she proposes is inextricably linked to a process of self-transformation to access truth – the very meaning of philosophy. Simone Weil is thus the first philosopher to have considered the problem of evil and its answer from the experience of those who suffer, and not to their detriment, and without ever abandoning the ethical and political struggle against force and oppression throughout her life and thought.
Directeur de thèse :
Vincent DELECROIX
Cotutelle :
l'UNIGE - Université de Genève (SUISSE)
Unité de recherche :
Groupe sociétés, religions, laïcités
Membres du jury :
  • Directeur de thèse : Vincent DELECROIX
  • Rapporteur : Christine ZYKA , Professeur (Institut Newman)
  • Examinateur : Paul CLAVIER , Professeur (Université de Lorraine)
  • Président : Christophe CHALAMET , Professeur (Université de Genève)
  • Examinateur : Mariel MAZZOCCO , Maître assistant (Université de Genève)
  • Rapporteur : Emmanuel GABELLIERI , Professeur (Université Catholique de Lyon)
  • CoDirecteur de thèse : Ghislain WATERLOT , Professeur (Université de Genève)
Diplôme :
Doctorat Religions et systèmes de pensée
Spécialité de soutenance :
Philosophie, textes et savoirs