Décès de Monique Adolphe
Monique Adolphe est décédée ce lundi 27 juin à Paris. Elle allait fêter ses 90 ans dans quelques semaines.
Pharmacienne de formation, Monique Adolphe a été interne des hôpitaux de Paris et obtenu son doctorat en sciences en 1969. Elle a été l’élève des professeurs Jean Cheymol et Paul Lechat, tous deux successivement directeurs du laboratoire de Pharmacologie de l’EPHE et de l’Institut National de Pharmacologie, situés au Centre de recherche des Cordeliers à Paris.
Dès ses débuts en recherche, elle s’est intéressée au développement de modèles de cultures cellulaires pour des applications en pharmacologie et en toxicologie, pour la recherche fondamentale et industrielle. En 1974, elle est élue Directrice d’Études à l’École Pratique des Hautes Études qui créera pour elle le laboratoire de pharmacologie cellulaire. Elle dirigera ce laboratoire jusqu’en 1997, date à laquelle elle prendra sa retraite. Dans le cadre de ses fonctions à l’EPHE, pendant plus de 20 ans, elle organisera un cycle annuel d’études en pharmacotoxicologie cellulaire qui formera environ 700 élèves, techniciens et responsables de laboratoire publics et industriels, à ces méthodes alors en plein développement.
Pionnière sur ces aspects, elle aura ainsi beaucoup contribué à la formation et au développement des modèles de cellules en culture comme alternatives à l’expérimentation animale pour des applications en pharmacologie et toxicologie. Monique Adolphe accueillera aussi de nombreux étudiants préparant un diplôme de l’EPHE ou un doctorat au sein de son laboratoire et ses grandes qualités humaines font que beaucoup d’entre eux resteront en contact régulier avec elle.
Ses recherches la pousseront à créer la société de Pharmacotoxicologie Cellulaire, qu’elle présidera de 1987 à 1997. Elle représentera la France à l’ECVAM (European Center for Validation of Alternative Methods) de 1992 à 1997.
Son rayonnement la conduira à être élue à l’Académie Nationale de Pharmacie en 1981, qu’elle présidera en 2009, et à l’Académie Nationale de Médecine en 2001. Elle sera aussi nommée officier dans l’Ordre de la Légion d’honneur, commandeur dans l’Ordre national du Mérite et dans l’Ordre des Palmes académiques. Très attachée à son établissement, Monique Adolphe contribuera activement à la vie de l’EPHE, qu’elle présidera de 1990 à 1994.
Outre ses qualités scientifiques, Monique Adolphe avait aussi de très grandes qualités humaines. Très attentive aux autres, douce mais aussi courageuse et déterminée, elle aura été, pour ses élèves ou collègues, une « maman » pour les uns, un modèle pour d’autres, et certainement une pionnière et un exemple pour les femmes dans le monde de la recherche.