Entre évitement et alliance
Entre évitement et alliance
Formes mineures du divin
Sous la direction de Jean-Pierre Albert et Agnieszka Kedzierska Manzon
Selon le mot de Pétrone, « notre pays est si plein de divinités que tu peux plus facilement y rencontrer un dieu qu’un homme », la Rome antique est bien loin d’être la seule société à connaître pareille surpopulation divine. Par-delà la différence entre d’un côté ce que les sciences religieuses ont l’habitude de considérer comme des « religions traditionnelles » désignées par les termes de fétichisme, animisme, chamanisme et, de l’autre, des monothéismes et des polythéismes, la quasi-totalité des religions du monde réserve une place de choix à d’innombrables divinités mineures ou entités invisibles. Esprits, génies, êtres fantastiques, revenants, ancêtres ou saints font l’objet de relations intéressées, parfois aussi assez inquiétantes pour que l’on cherche à les éviter. La plupart de ces entités ambiguës ne donnent pas lieu à des cultes réguliers. Leur présence se manifeste le plus souvent dans des rencontres fortuites qui appellent un traitement rituel visant à normaliser les relations que les hommes ont avec elles. Créditées de pouvoirs qui se cantonnent à des champs d’intervention limités, elles sont liées à des lieux, des moments, des pratiques telles la chasse, l’agriculture, la guerre ou encore des épisodes biographiques saillants – naissance, maladies, conflits, etc. Cet ouvrage réunit les contributions d’anthropologues, historiens et philosophes qui, chacun à sa manière, se sont essayés à mieux comprendre le sens de cette prolifération d’entités mineures et à questionner sur cette base la notion même de religion comme impliquant – ou non – celle de dieux.