Étudier l'archéologie à l'EPHE - PSL : portrait d'Achille Bertrand
Achille Bertrand prépare un doctorat en archéologie à l’École Pratique des Hautes Études, sous la direction de William Van Andringa, directeur d’études à l’EPHE - PSL. Participant à la campagne de fouilles estivale de Porta Stabia à Pompéi, il explique la particularité de la recherche en archéologie menée à l’École.
L’EPHE - PSL : un choix délibéré
Achille commence par suivre les classes préparatoires avant d’intégrer un master à Paris IV. Il obtient l’agrégation et se dirige ensuite vers la préparation de sa thèse sous la direction de William Van Andringa, qui occupe la chaire « Histoire et Archéologie de la Gaule romaine » à l’EPHE - PSL.
Pour Achille, le choix de mener son travail à l’EPHE - PSL est un choix délibéré : « L’École Pratique a ceci de particulier qu’elle n’a pas la distinction classique, en France et aussi dans certains pays méditerranéens comme l’Italie ou l’Espagne, de regrouper l’archéologie avec l’histoire de l’art. Ça permet de rencontrer des gens différents, de réfléchir différemment ».
Le terrain : phase fondamentale de l’archéologie
Achille s’intéresse à l’écrit dans les sanctuaires : « Je travaille essentiellement sur des inscriptions mais en contexte archéologique. Je participe donc activement à différents chantiers, à Pompéi cette année et à la nécropole de Saint-Just de Valcabrère dans les Pyrénées. La formation passe de façon nécessaire par des campagnes de fouilles, puisque l’archéologie c’est d’abord l’acquisition de données sur le terrain. Dans cette perspective, fouiller à différents endroits, dans différents contextes, me permet de mieux aborder le terrain, phase fondamentale de l’archéologie ».
En étudiant l’écrit dans un contexte archéologique, Achille fait appel à différentes sciences sociales comme l’anthropologie « absolument indissociable de l’archéologie puisque c’est en fait une seule et même discipline appliquée à des époques différentes ». Cela lui permet d’apporter des axes de réflexion plus généraux à son travail.
Une méthode particulière
La recherche d’Achille est guidée par diverses interrogations qui lui permettent d’aborder les textes des inscriptions selon un angle à la fois spatial et anthropologique : que veut dire écrire ? pourquoi écrire à cet endroit ? comment l’inscription configure-t-elle et structure-t-elle un espace ? quel est l’impact de l’écriture sur les gens qui visitent le lieu ? Toutes ces questions trouvent en partie réponse sur le terrain, pourvu qu’on l’étudie avec une méthode archéologique rigoureuse.
À Pompéi, il fouille le site de Porta Stabia, l’une des entrées de la ville. Cette zone est particulièrement intéressante pour son objet d’études parce qu’« il y a toute une série d’inscriptions qui participent pleinement d’un paysage dont on essaie de restituer les transformations. Actuellement, avec le sondage que nous avons fait, on est au IIème siècle avant Jésus-Christ au plus tard. On peut, on essaie en tout cas, de restituer l’évolution de cette zone très particulière autour de la porte d’entrée de la ville. Et ça va jusqu’à l’installation de ces grands monuments, de ces inscriptions, parfois très grandes, parfois très modestes, qui configurent le paysage et qui traduisent des réalités sociales assez intéressantes. C’est une approche qui, même si le mot est très utilisé, est en l’occurrence vraiment pluridisciplinaire parce qu’on est au contact de l’archéologie, de l’anthropologie et de l’épigraphie, de l’histoire aussi, entre autres ».
Et après ?
Son doctorat obtenu, Achille souhaite poursuivre dans la recherche en archéologie. C’est pour lui le meilleur moyen de faire de l’archéologie scientifique « à fond » dans le monde universitaire. « Comme vous avez déjà dû en entendre parler, l’archéologie en France et à l’étranger est essentiellement de l’archéologie préventive parce que c’est le point de rencontre le plus fréquent entre des vestiges antiques et l’époque actuelle. L’archéologie préventive c’est en temps limité, alors que dans le monde universitaire, il y a moyen de faire des recherches sur le temps long, de comprendre des phénomènes plus complexes que l’on ne peut saisir que de façon très ponctuelle dans le cadre de l’archéologie préventive. Compte tenu de la pénurie de postes, il me faudra très probablement passer par quelques postes de vacation à l’université (ATER ou autres), et par le préventif, par des contrats dans le public ou dans le privé, pour continuer à travailler sur le terrain ».
© Direction de la Communication / C. David et É. Delage