Francesca
PRESCENDI MORRESI

Directrice d'études

Francesca Prescendi Morresi est Directrice d'études à l'École Pratique des Hautes Études où elle enseigne la religion romaine qui est son domaine de spécialisation.

Elle a étudié à Sienne (Italie) et fait un doctorat de latin (Freiburg/Allemagne) et un doctorat en histoire des religions (Genève/Paris, EPHE). Elle a travaillé dans les université de Bâle, Lausanne, Fribourg (Suisse), Genève, et donné occasionnellement des cours de doctorat à Sienne (Italie).

Elle a été la coordinatrice de l'école doctorale de la Suisse romande.

Ses thématiques de recherche sont : le sacrifice, les discours des Anciens concernant la religion et les rites, l'histoire de la discipline. Elle s'intéresse aussi aux questions de genre ainsi qu'à des perspectives comparatistes.

Sa méthode de travail consiste en une approche anthropologique et philologique de la religion romaine.

 

Sacrifices. Analyse terminologique, historiographique et comparatiste des rites sacrificiels romains

« Sacrifice » est un mot opératoire sous lequel peuvent être réunies des pratiques diverses de mise à mort et d’offrande. En se fondant sur la méthodologie expérimentée par les recherches historiques, philologiques et anthropologiques de ces dernières décennies, il est possible désormais d’envisager le sujet par un travail de grande envergure qui tienne compte de la variété des procédures rituelles (d’où le pluriel du titre) et d’une approche pluridisciplinaire. Notre recherche privilégiera les axes suivants :

Dire le sacrifice romain : Ce volet consiste en une analyse du vocabulaire technique du sacrifice romain. L’étude portera sur les différents expressions désignant : la procédure rituelle dans sa globalité, comme sacrum-sacrificium/ sacrificare, immolatio/ immolare, mactare, piaculum, etc. ; les animaux sacrificiels (hostiae piaculares ; sacres ; sinceri ; puri, hariugae, etc.) ; l’offrande ou une partie de celle-ci (exta, magmentum, augmentum, prosiciae, etc.) ; d’autres ingrédients rituels (herbes, lait, etc.) ; les gestes, enfin, qui composent la procédure sacrificielle (reddere, proicere, profanare, etc.). Cette analyse sera fondée sur une étude linguistique du latin, en comparaison avec les autres langues italiques, ainsi que sur des documents figurés.

Repenser la mise à mort : analyse des rites marginaux et comparaison avec l’exécution capitale : L’historiographie du sacrifice a parfois considéré la mise à mort comme l’aspect central du rite, parfois, au contraire, en a relativisé l’importance. Je propose de reprendre ce questionnement sans a priori, en faisant une enquête sur deux plans. D’un côté, nous aborderons l’étude de sacrifices que nous pourrions dire « marginaux » par rapport au rite public plus connu – c’est-à-dire les offrandes d’animaux de plus petite taille ou d’animaux rares tels que les poissons, les oiseaux, le gibier ; ainsi que des sacrifices exceptionnels d’êtres humains –, mais aussi de la destruction d’objets tels que des vases ou des statuettes. Ce parcours nous permettra de questionner différentes procédures de mise à mort et une temporalité du rite en décalage avec celle des sacrifices des animaux domestiques les plus connus. De l’autre, l’abattage sacrificiel sera à mettre en regard avec les descriptions d’exécutions capitales, en nous basant sur une analyse terminologique et contextuelle. À ce propos, il sera intéressant aussi de faire le point sur l’historiographie portant sur l’intersection entre exécution capitale et sacrifice.

Comparer le sacrifice : Des réunions comparatistes permettront de confronter les concepts et les définitions utilisées pour l’étude du monde classique (Rome et Grèce) avec celles adoptées par les savants d’autres cultures. Une mise en regard de l’Antiquité classique et des civilisations africaines, amérindiennes ou asiatiques permettra d’avancer dans la compréhension des procédures rituelles, mais aussi et surtout de renouveler l’approche du sacrifice, concept opératoire fondamental pour comprendre tout ritualisme.