Identification d'un cimetière chrétien très précoce à Saint-Bertrand-de-Comminges
Programme scientifique "Saint-Bertrand-de-Comminges/Valcabrère : entre ville et campagne. Archéologie d'un territoire de la protohistoire à aujourd'hui", porté par l’École Pratique des Hautes Études - PSL.
La fouille de la nécropole tardive de Saint-Just de Valcabrère (William Van Andringa avec Camille Coupeur, Jean-Patrick Duchemin et Raphaël Golosetti) fait partie du programme scientifique "Saint-Bertrand-de-Comminges/Valcabrère : entre ville et campagne. Archéologie d'un territoire de la protohistoire à aujourd'hui", porté par l’École Pratique des Hautes Études - PSL, Paris (laboratoire AOrOc, UMR du CNRS-ENS, avec la collaboration de la société Eveha et du musée de Saint-Bertrand) et soutenu par les mairies de Saint-Bertrand-de-Comminges et de Valcabrère, le ministère de la Culture (DRAC Occitanie), le département de la Haute-Garonne et la Région Occitanie.
Alors que la documentation textuelle n’aborde jamais vraiment le sujet et force à attribuer les véritables changements funéraires à la ville chrétienne du Ve siècle, la fouille de la nécropole monumentale de Saint-Just de Valcabrère (Haute-Garonne), installée vers 300 après J.-C. à 500 mètres des limites de la ville, fournit un dossier inédit et relativement complet sur les modalités d’organisation d’une nécropole d’un type nouveau, fondée sur un terrain privé à l’écart des routes d’accès à la ville, en l’occurrence dans les décombres abandonnés d’un grand complexe pour l’instant difficile à identifier.
L’organisation des mausolées et ensembles funéraires autour du très grand tombeau K appartenant à un leader, indique que l’installation de ce cimetière monumental a suivi une programmation planifiée, nécessairement par des élites qui avaient la volonté de créer un cimetière collectif. Une autre particularité est l’introduction d’une classe d’âge jusque-là écartée de la mémoire familiale : les enfants morts autour de la naissance qui reçoivent une sépulture dans l’emprise des tombeaux.
L’identification de la nécropole est permise par la présence d’inscriptions chrétiennes insérées dans l’église romane toute proche ainsi que par la découverte d’un nombre relativement important de fragments de sarcophages à scènes chrétiennes dont certains sont datés de la première moitié du IVe siècle. Ces témoignages permettent de reconnaître le cimetière de la première communauté chrétienne de Saint-Bertrand-de-Comminges/Convenae.
Le site de Saint-Just : une nécropole d’un type nouveau établie autour de 300 à quelque 500 m de la ville de Lugdunum devenue Convenae (cliché F. Giraud).
La crypte du mausolée K : ses dimensions hors norme et son architecture en grand appareil de marbre blanc forcent à identifier le tombeau du leader de la communauté. Au second plan, l’église romane du XIe siècle construite avec des matériaux tirés des ruines du mausolée (cliché F. Giraud).
La crypte du mausolée K à la fin de la campagne 2023 : l’entrée à l’est est marquée par des piliers monumentaux visibles au premier plan. La sépulture du périnatal est, elle, postérieure à l’An Mil (cliché F. Giraud).
Fouille d’un ensemble funéraire représenté par des sépultures du IVe siècle et des sépultures carolingiennes qui se développent en rangs serrés sur la partie nord du site.