Les requins de récif de la planète encore plus en danger qu'on ne le pensait
Une étude se penchant sur l’état de santé des populations de requins et de raies au sein des écosystèmes récifo-coralliens dans le monde vient de paraître dans Science.
Cette étude démontre que si certaines espèces comme le requin gris de récif (de l’Atlantique et de l’Indo-Pacifique), le requin à pointes noires ou le requin nourrice résistent mieux que d’autres, ces dernières ont globalement connu une réduction globale de 50 à 60% de leurs effectifs, en particulier en raison de la pression anthropique (surpêche, destruction des habitats, etc.).
Réplicabilité et exhaustivité
L’objectif général de cette étude consistait à dénombrer les différentes espèces de requins de récif et leur densité à l’échelle planétaire, afin de mieux comprendre les facteurs qui menacent aujourd’hui leur survie ou, au contraire, ceux qui permettent leur conservation. Pour y parvenir, des centaines de chercheurs à travers le monde ont immergé des caméras sous-marines fixées sur des supports métalliques. Pour attirer les animaux devant la caméra et réussir à les filmer, des récipients contenant des appâts étaient placés sur les supports. Ce sont plus de 15 000 sessions qui ont été conduites à travers le monde entier, soit dans 67 pays représentant 90% des zones tropicales hébergeant des récifs coralliens. 22 000 heures de vidéo ont été recueillies et analysées, dont 4 300 heures en Polynésie française. Cette zone apparaît comme la moins touchée au monde par la pression anthropique.
Des animaux précieux pour l’écosystème et l’Homme…
«Bien que la surpêche et la mauvaise gouvernance soient associées à l’absence de ces espèces, elles sont toujours présentes dans les aires marines protégées (AMP) et dans les sanctuaires où la pêche au requin a été interdite ou fortement réglementée», a déclaré Éric Clua, Directeur d'études à l'EPHE - PSL et en charge de la mise en œuvre de Global FinPrint en Polynésie française. «Les requins de récifs peuvent être importants pour les moyens de subsistance de l’Homme car ils contribuent à la bonne santé et à la productivité des écosystèmes marins, de même qu’ils sont souvent impliqués dans le tourisme de plongée qui est source de dividendes pour les pays en voie de développement. Un investissement dans la conservation des requins de récifs peut donc également être bénéfique pour les populations».
Un réel danger d’extinction
Les premiers résultats de cette étude ont déjà été utilisés pour mettre à jour le statut des quatre espèces sus-mentionnées dans des catégories plus menacées sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). «Ces résultats tombent alors même que des outremer français comme La Réunion ou la Nouvelle-Calédonie poursuivent la mise en œuvre de campagnes de régulation qui tuent aveuglément des requins sous prétexte que quelques rares individus s’en sont pris à l’Homme. C’est non seulement inefficace mais délétère pour les écosystèmes, alors même que d’autres solutions existent» a rajouté Éric Clua qui poursuit ses travaux sur le profilage génétique individuel des requins à Saint-Martin, dans les Caraïbes.
Référence de l'article dans Science