Parutions de février 2023
Découvrez notre sélection de février.
Blanc
Histoire d'une couleur
Michel Pastoureau
Michel Pastoureau retrace la longue histoire de cette couleur en Europe, de l’Antiquité la plus reculée jusqu’aux sociétés contemporaines. Avant le XVIIe siècle, jamais le blanc ne s’est vu contester son statut de véritable couleur. Bien au contraire, de l’Antiquité jusqu’au cœur du Moyen Âge, il a constitué avec le rouge et le noir une triade chromatique jouant un rôle de premier plan dans la vie quotidienne et dans le monde des représentations. De même, pendant des siècles, il n’y a jamais eu, dans quelque langue que ce soit, synonymie entre « blanc » et « incolore » : jamais blanc n’a signifié « sans couleur ». Et même, les langues européennes ont longtemps usé de plusieurs mots pour exprimer les différentes nuances du blanc. Celui-ci n’a du reste pas toujours été pensé comme un contraire du noir : dans l’Antiquité classique et tout au long du Moyen Âge, le vrai contraire du blanc était le rouge. D’où la très grande richesse symbolique du blanc, bien plus positive que négative : pureté, virginité, innocence, sagesse, paix, beauté, propreté. Accompagné d’une abondante iconographie, cet ouvrage est le sixième d’une série consacrée à l’histoire sociale et culturelle des couleurs en Europe.
European Spatial Data for Coastal and Marine Remote Sensing
Proceedings of International Conference EUCOMARE 2022-Saint Malo, France
Ce volume présente les contributions complètes des articles de la Conférence internationale sur les données spatiales européennes pour la télédétection côtière et marine (EUCOMARE) 2022, avec le soutien du programme ERASMUS+ de l'Union européenne, qui s'est tenue à Saint Malo, en France. EUCOMARE vise à promouvoir les échanges académiques et techniques sur les études liées au littoral, y compris les questions environnementales et socio-économiques côtières, avec l'utilisation de données européennes de télédétection.
Le livre est une excellente ressource pour les scientifiques, les ingénieurs et les gestionnaires de programmes désireux d'en savoir plus sur les développements et réalisations récents dans le domaine des applications de télédétection sur les zones marines et côtières.
Les lecteurs découvriront les avancées récentes dans la résolution radiométrique, spatiale, temporelle et spectrale des capteurs, ainsi que les nouvelles approches de traitement des données en télédétection pour la surveillance et la cartographie des diverses caractéristiques des systèmes marins, côtiers et aquatiques.
La Chair des stèles
Enquête sur les donateurs et les Épigones du Bouddha et des divinités, au Vietnam, des origines à la fin du XVIIe siècle
Philippe Papin
La donation pieuse, à l’origine de l’immense majorité des stèles érigées dans les villages du Vietnam, a joué un rôle essentiel dans la vie économique, sociale et religieuse depuis le VIIe siècle.
Loin d’être immobile, cette longue histoire de la charité commence avec des dons gracieux accordés aux sanctuaires par des grands personnages et des moines ; elle se poursuit avec d’innombrables cohortes de donateurs secondaires, issus de milieux sociaux plus ordinaires, qui vont peu à peu se distinguer par des dédicaces privées à l’attention des défunts de leurs familles, puis s’extraire des mouvements collectifs en isolant leur donation et leur histoire sur leurs propres stèles. Et soudain, vers 1630, apparaît la grande innovation : l’élévation des donateurs au rang d’Épigones du Bouddha ou de la Divinité tutélaire. Pourvus d’un titre religieux et de privilèges cultuels garantis par un contrat, honorés par les villageois à dates régulières, ils accèdent à la semi-divinité.
La subtilité de cette procédure, qui explique son succès fulgurant, c’est qu’elle ajoutait au don gracieux, versé en numéraire, un don foncier dont le revenu régulier finançait le culte des Épigones « pour l’éternité ». C’était une fondation pieuse, mais ouverte aux femmes et à toutes les catégories sociales, depuis les grands mandarins et les princesses de la cour jusqu’aux odalisques, aux notables et aux paysannes.
Marie Taglioni
Étoile du ballet romantique
Chloé d'Arcy
Son nom est associé à un rôle, La Sylphide (1832), à l’avènement de la technique des pointes, et à l’ère du ballet romantique. Cette étude retrace son parcours européen en analysant les mythes qui s’élaborent autour de sa personne, de l’enfant prodige au modèle indépassable. Elle s’intéresse aussi à Marie Taglioni « à la ville » et à son statut de femme mondaine, aux représentations iconographiques et littéraires qui circulent à son sujet, ainsi qu’au public – même aux fans – qui contribuent à en faire une célébrité. Enfin, cette recherche se penche sur la dimension pratique d’une telle carrière et sur les différents acteurs qui y contribuent : derrière la gracieuse Sylphide se cache une véritable femme d’affaires qui suit scrupuleusement ses représentations, négocie des contrats avantageux et qui sait mobiliser le réseau nécessaire à son succès. Cet ouvrage est un apport original pour l’histoire de la danse et des femmes artistes en ce qu’il met en évidence la pluralité des visages de la ballerine, tant sur scène que hors scène.
Qu'est-ce que la philosophie indienne ?
Vincent Eltschinger et Isabelle Ratié
La philosophie, comme on sait ou croit savoir, parle grec, allemand et sans doute français, mais certainement pas babylonien ou sanskrit. L’Inde a été exclue du champ de la philosophie « proprement dite » vers la fin du XVIIIe siècle.
Depuis, des générations d’indianistes ont plaidé en vain pour la révision d’un procès mal instruit.
Il est temps de congédier les clichés qu’entretient l’Occident sur l’Inde ancienne, censément trop absorbée par sa religiosité pour donner prise au concept.
Vincent Eltschinger et Isabelle Ratié ont choisi de diriger l’attention moins sur les traditions doctrinales que sur un choix de problèmes montrant les philosophes et les écoles à l’œuvre, défendant leurs positions sur un mode polémique.
L’accent placé sur ces points de cristallisation du débat indien – soi, autrui, monde et conscience, perception et vérité, rationalité et religion, langage, Dieu, etc. – constitue l’originalité de l’ouvrage, qui donne à comprendre la philosophie indienne pour ce qu’elle est, dans son contexte, et non par comparaison, ce qui la priverait de son sens et de sa force.
Dictionnaire géographique de l'Afrique médiévale
Yāqūt, al-Qazwīnī et al-Ḥimyarī
Jean-Charles Ducène, Virginie Prevost
Au XIIIe et au XIVe siècle, trois géographes arabes ont consacré une part de leurs dictionnaires aux territoires africains. Les villes, les montagnes, les fleuves et les mers y sont décrits au lecteur de façon très vivante, fournissant quantité de détails historiques, géographiques ou économiques, un nombre important de realia, des poèmes surprenants et tant de savoureuses anecdotes qui accroissaient l'horizon des lecteurs contemporains tout comme elles élargissent aujourd'hui le nôtre. Ces textes révèlent une société ouverte sur les mondes lointains. Les articles regroupés ici concernent le Maghreb, la Libye, l'Afrique occidentale et orientale, mais pas l’Égypte qui a déjà été traitée ailleurs.
Ce vaste corpus, comptant plus de 800 articles, a été réuni jadis par Jacques Thiry (Université libre de Bruxelles) qui avait entrepris de l’étudier avant son décès en 2012. Il a été revu et abondamment commenté par deux de ses anciens étudiants pour lui rendre un chaleureux hommage.
Ce volume permet de relire les grands épisodes de l’histoire du Maghreb et de découvrir de nombreuses précisions ethnographiques. Le lecteur y voyage de Fès au fleuve Niger, d’Alger au pays des Zanğ et jusqu’à la fameuse île de Wāqwāq où l’or abonde à ce point que les habitants s’en servent pour fabriquer les chaînes de leurs chiens et les colliers de leurs singes.
Matière, matériaux et (im)matérialité
Actes du séminaire transversal 2022
École doctorale 472
« L’interdisciplinarité est inscrite dans l’histoire même de l’École Pratique des Hautes Études (université Paris Sciences et Lettres), et fait partie intégrante de son identité. Mais au sein de l’EPHE, il est un lieu où plus encore se manifeste le souci d’une telle démarche, c’est l’École doctorale 472 qui rassemble tous les doctorants de l’EPHE (et une partie de ceux de l’ENC - PSL), doctorants qui viennent d’horizons intellectuels extrêmement divers, de l’écologie à la cancérologie en passant par l’anthropologie, l’histoire de l’art ou la linguistique. Cette diversité est une richesse, et pour la faire fructifier, l’ED 472 organise chaque année une Journée transversale.
Le choix du thème est fondamental pour faire émerger le dialogue entre les disciplines et permettre la confrontation des méthodes. Il est certain que le thème retenu en 2022, « matière, matériaux, (im)matérialité », est tout à fait judicieux car il incite à l’enquête. Chacun, sans doute, croit savoir plus ou moins confusément ce qu’est la matière tant le concept semble aller de soi. Pourtant dès que l’on cherche à le définir, à le mesurer, à l’encadrer, il nous échappe, et nous contraint à le rechercher dans ses manifestations les plus concrètes. Ce sont ces manifestations, et leurs limites, que donnent à voir les contributions de ce volume, où chacun a pu déployer son objet d’études, dans un cadre à la fois exigeant et bienveillant, en vue de susciter les discussions. » (Christophe Grellard, directeur de l'ED 427).