Avis de soutenance - doctorat - Akindynos KANIAMOS
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Ecole doctorale 472
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Akindynos KANIAMOS
La divinisation astrale dans l'hermétisme et le néoplatonisme (Plotin, Jamblique). Théories et pratiques rituelles de sotériologie céleste dans l'Antiquité tardive.
Au-delà de la vénération portée aux corps célestes, qui étaient considérés comme des divinités au cours de l'Antiquité, l'expression divinisation astrale désigne plus précisément le processus de divinisation de l'âme humaine à travers sa relation intime avec les astres fixes, les planètes et les classes semi-divines qui leur sont attachées (anges, daimones, etc.) : bref, avec toutes les entités visibles et invisibles dont la présence anime le Cosmos. En effet, la divinisation était entendue au cours de l'Antiquité tardive comme l'effort délibéré mené par l'être humain pour réactiver dans son âme les principes intelligibles d'un dieu afin de pouvoir progressivement atteindre un état d'assimilation, voire d'union, avec tous les dieux, ou même avec l'Un, le tout Premier Principe. Notre thèse a pour objectif d'établir l'itinéraire et les degrés successifs de la divinisation astrale dans trois corpora textuels représentatifs de l'Antiquité tardive : il s'agit de l'hermétisme et de deux auteurs néoplatoniciens, Plotin et Jamblique.
Le point de départ de notre recherche repose sur deux croyances : la première se rattache à la vision du Cosmos comme un ensemble bien ordonné, impliquant un Intellect qui serait la cause explicative du mouvement ordonné de l'Univers et qui élève l'âme vers la transcendance. Cette vision précise découle de Platon et de l'amalgame de la religion cosmique du Timée, des Lois et de l'Épinomis avec la religion grecque traditionnelle revisitée à la lumière de la philosophie de la fin de l'Antiquité. La seconde croyance, plus spécifique, concerne l'astrologie qui, au-delà d'un système de correspondances codifiées entre les phénomènes célestes et la vie sur terre, acquiert dans les textes examinés de l'Antiquité tardive le statut d'une discipline rituelle à visée philosophique. Initialement conçue à Babylone comme une méthode d'astromancie tirant son origine dans la religion sacerdotale, l'astrologie s'est progressivement transformée, au cours de l'époque hellénistique, en une discipline qui se voulait scientifique et exacte, et dont les praticiens prétendaient pouvoir déchiffrer chaque destin individuel. Cette forme d'astrologie que nous pourrions qualifier de « technique », à cause de la complexité des règles employées, a retenu l'intérêt académique dès la fin du XIXe siècle. Néanmoins, nous avons distingué cette forme d'astrologie « technique », fondée en grande partie sur la perception déterministe des astres, de l'astrologie « hermétique/néoplatonicienne » à dimension philosophique, qui était d'ailleurs celle pratiquée dans le cadre de l'hermétisme et des rites théurgiques, et qui percevait l'univers manifesté comme une zone intermédiaire, voire liminale, entre le sensible et l'intelligible.
Les doctrines se rapportant à la divinisation astrale s'inscrivent donc dans un processus historique au cours duquel la pensée religieuse et philosophique grecque commence à interagir avec des éléments rituels issus des religions proche-orientales, qui étaient souvent considérés comme allant de pair avec des processus extra-rationnels. À cela s'ajoute l'essor du néopythagorisme, qui professait la sacralisation des nombres et du Cosmos organisé conformément aux propriétés distinctes des nombres. Par conséquent, le Cosmos sera examiné en tant que système de signes divins qui évoqueraient les réalités transcendantales, éveillant ainsi chez l'être humain un élan d'Éros ou d'aspiration cosmique. L'être humain prétend à s'approprier l'ordre régulier du Cosmos et du mouvement circulaire uniforme des révolutions des corps célestes tout en se transformant progressivement, à son tour, en un être cosmique déifié. Ainsi les éléments du Cosmos perdent-ils progressivement leur rôle de vecteurs de Fatalité pour évoluer vers le statut de serviteurs de la Providence divine. Au cours de cette transformation de la fonction attribuée aux divinités célestes, la possibilité d'une nouvelle renaissance spirituelle sera envisagée.
Astral Divinization in Hermetism and Neoplatonism (Plotinus, Iamblichus). Theory and Ritual Practices of Celestial Soteriology in Late Antiquity.
The expression astral divinization – besides conveying a religious attitude toward the celestial bodies considered as gods in Antiquity – relates additionally to the process of divinization of the human soul through its interaction with the fixed stars, the planets and all the semi-divine entities attached to them (angels, daimones, etc.); simply put, with all the visible and invisible entities that animate the Cosmos. In fact, divinization was intended throughout Late Antiquity as the deliberate effort of the human being to reactivate within the soul the intelligible principles of a god in order to attain a state of assimilation, or even union, with the gods or the One, that is to say the very First Principle. This PhD thesis seeks to establish and examine the itinerary and the successive phases of astral divinization in three sets of representative texts from Late Antiquity: Hermetism, as well as the Neoplatonists Plotinus and Iamblichus.
The starting point of the research is based on two systems of beliefs. The first creed pertains to the vision of the Cosmos as a well-ordered whole that implies the existence of a superior Intellect which would be the explicatory factor of the orderly celestial motions and would consequently propel the soul toward transcendence. This particular idea derives from the amalgamation of the Platonic cosmic religion of the Timaeus, the Laws and the Epinomis with the traditional Greek religion as it was reconsidered through the lens of the late antique philosophy. The second creed alludes to astrology which was perceived in the examined late antique texts not only as a system of correspondences between the heavenly motions and earthly events, but also as a ritual discipline with philosophical connotations. Initially conceived in ancient Mesopotamia by the local priesthood as a method of astral divination, astrology was progressively transformed during the Hellenistic era into a discipline that revendicated a scientific status, whose practitioners claimed that they were able to decipher each individual destiny. Hellenistic astrology could be qualified as ‘technical' due to the complexity of rules used by its practitioners and has retained the academic interest since the late 19th century. Nevertheless, the proposed approach of the thesis aims to distinguish this ‘technical' form of deterministic astrology from the philosophical dimension of the ‘Hermetic/Neoplatonic' astrology: the latter was practiced within the context of Hermetism and theurgy, and perceived the manifest universe as a liminal, intermediary zone between the sensible and the intelligible realms.
Consequently, the doctrines pertaining to astral divinization may be traced back to the historical process during which Greek philosophical and religious ideas began to interact with Near-Eastern ritual elements often associated with states of mind beyond rationality. The rise of Neopythagoreanism should also be taken into account, especially since it postulated the sacralisation of numbers and of the Universe which was considered to be organised according to distinct ratios. Therefore, the Cosmos will be examined as a system of divine signs that might arouse an impetus of celestial Eros and stimulate the aspiration toward transcendency: the human being seeks to grasp the orderly rhythm of the uniform and circular heavenly motions with the aim of being eventually transposed into a cosmic mindset. From this perspective, the elements of the Cosmos, namely the stars and planets, no longer function as bringers of Fate, but instead as distributing divine Providence. Thus, this transformation of the status attributed to the celestial divinities may entail the spiritual rebirth of the human being.
Directeur de thèse :
Philippe HOFFMANN
Unité de recherche :
Laboratoire d'études sur les monothéismes
Membres du jury :
- Directeur de thèse : Philippe HOFFMANN , Directeur d'études émérite (EPHE PARIS)
- Rapporteur : Dorian Gieseler GREENBAUM , Directeur d'études (University of Wales Trinity Saint David)
- Rapporteur : Laurent LAVAUD , Professeur des universités (ENS Lyon)
- Examinateur : Francesca PRESCENDI MORRESI
- Président : Andrei TIMOTIN
- Examinateur : Constantinos MACRIS , CRHC (CNRS - PSL - LEM (UMR 8584))
- Examinateur : Daniela Patrizia TAORMINA , Professeur (Dipartimento di Studi letterari, filosofici e di storia dell'arte - Università di Roma Torna Vergata)
Diplôme :
Doctorat Religions et systèmes de pensée
Spécialité de soutenance :
Etudes grecques